Raoul Dufy n'est pas un peintre fauve !




L'originalité du véritable " style Dufy " que l'artiste met en place à partir de 1920 et auquel il restera fidèle jusqu'au bout, tient dans la dissociation de la forme et de la couleur.



L'indépendance de la forme et de la couleur



- la forme, donnée par le dessin tracé au crayon, à l'encre de Chine, au pinceau fin, voire même grattée directement dans un à-plat de couleur, structure la scène et lui apporte la vie,

" Il faut se rappeler qu'un trait décrit davantage un mouvement qu'une forme. Une silhouette est un mouvement, non une forme ."



La Seine, l'Oise et la Marne - 1938

Musée des Beaux Arts de Rouen


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Le cirque - vers 1924

Collection particulière

Chevaux et jockeys sous bois 1930

Collection particulière


- la couleur, étalée tantôt en larges à-plats, tantôt en zébrures nerveuses et rapides, nimbe la forme en arrière plan, débordant largement pour créer une ambiance colorée faite de tons purs et rayonnants. Elle est là pour apporter la lumière selon le principe de la "lumière couleur" déjà évoqué au moment de la période fauve.

"J'avais découvert mon système dont voici la théorie : à suivre la lumière solaire on perd son temps. La lumière de la peinture, c'est tout autre chose : c'est une lumière de répartition de composition, une lumière-couleur. (...) Ne croyez pas que je confonde la couleur avec la peinture. Mais comme je fais de la couleur l'élément créateur de la lumière, ce qu'il ne faut jamais oublier, la couleur par elle-même n'étant rien à mes yeux que génératrice de lumière, on voit qu'elle est dans ce rôle, avec le dessin, le grand bâtisseur de la peinture, le grand élément."







Nice, le casino de la jetée - 1926

Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Chez Dufy, la forme et la couleur ne coïncident jamais exactement sur la toile, ce qui donne à sa peinture un caractère immédiatemant reconnaissable.

Raoul Dufy expliquait cette technique par un phénomène visuel qui l'avait frappé en voyant une fillette en robe rouge courir sur le port du Havre. L'impression colorée produite par la robe persistait en arrière du contour en mouvement de la fillette. Ainsi, la "forme-mouvement" et la "lumière-couleur" pouvaient très bien ne pas se superposer sur la toile.

Cette vision de peintre allait désormais marquer le caractère unique de l'œuvre de Raoul Dufy.







A suivre...

Nous vous présenterons ici, prochainement, la suite de l'évolution artistique de Raoul Dufy : le style de la mâturité, l'évolution vers l'uni-tonalité, les nouveaux thèmes retenus par son inspiration, les multiples facettes de son talent...